Scène finale de l'afftrontement ©Nohcab

L’Odyssée du Varan : le récit des 3 jours

Pendant trois jours, Calais s’est transformée en scène à ciel ouvert pour accueillir une épopée urbaine inédite. Portée par le Dragon de Calais, le Varan de Voyage et la redoutable Gardienne des Ténèbres, cette création monumentale a fait vibrer la ville et ses habitants. Des quartiers populaires aux quais du Courgain Maritime, des marchés aux grands boulevards, plus de 500 000 spectateurs ont suivi un récit vivant où machines, patrimoine et émotions se sont entremêlés. Retour sur une odyssée qui a fédéré toute une ville autour d’un imaginaire commun.

L’appel du Dragon

Depuis six ans, le Dragon de Calais domine le front de mer, gardien monumental observant la mer du Nord. Chaque jour, il émet un chant puissant, un appel qui finira par atteindre, à l’autre bout du monde, un semblable : le Varan de Voyage. À cet appel répond une longue traversée du globe, un périple à travers océans et continents, qui conduit le saurien jusqu’à Calais. Mais dès qu’il approche, une force sombre se met en mouvement : la Gardienne des Ténèbres, créature mi-femme mi-scorpion prête à briser l’union de ces deux géants.

ACTE I : La Transhumance

Tout commence à l’aube, dans le quartier du Beau-Marais. Au détour d’une rue, les habitants aperçoivent le Varan, endormi comme échoué après son voyage. Les volets s’ouvrent, les trottoirs se remplissent, les écoles sortent les classes pour assister au réveil d’un colosse venu d’ailleurs. Dès ses premiers mouvements, le quartier s’anime comme jamais. Le saurien avance, explore, observe le quotidien calaisien : façades en briques rouges, étals de commerces de proximité, enfants agitant des dessins créés à son effigie. Les habitants des quartiers de Saint-Pierre et des Cailloux sortent à leur tour pour accompagner ce visiteur géant dans la ville.

Mais en approchant de la place Crèvecoeur, du Palais de Justice et de l’église Saint-Pierre, une présence inquiétante s’impose. Perchée sur le toit du palais de justice, dominant les silhouettes des bâtiments emblématiques du quartier saint-pierre, la Gardienne des Ténèbres se révèle sous les yeux d’une foule partagée entre frisson et fascination. La menace semble réelle et la ville comprend qu’un affrontement se prépare. La journée se conclut au Fort-Nieulay, quartier devenu pour l’occasion, la scène d’un ballet mécanique étonnant où deux pelleteuses géantes viennent vérifier la nature de ce visiteur d’un nouveau genre. Déjà, le Varan semble apprivoiser Calais et ceux qui l’habitent.

Le Varan se balade dans la ville de Calais ©Nohcab
Le Varan prend un bain de foule à Calais ©Nohcab
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ACTE II : La Découverte

Le lendemain, c’est au cœur du marché de la place d’Armes, à l’ombre de la tour du guet et du centre animé par les commerces, que le Varan se réveille. Certains lui tendent de la salade, d’autres filment en direct pour leurs proches, les enfants se faufilent entre les étals pour se rapprocher au plus près du géant. La ville adopte son nouveau compagnon avec une spontanéité désarmante. Et c’est là, devant l’Hôtel de Ville, que le Dragon de Calais s’éveille à son tour. Les deux créatures se rencontrent réellement, s’approchent, se reconnaissent. Les terrasses débordent, les fenêtres s’ouvrent, les applaudissements fusent. Calais retient son souffle devant une image que beaucoup n’auraient jamais pensé vivre.

Le cortège s’élance alors sur les grands boulevards, où les habitants attendent massés aux carrefours, sur les marches du Grand Théâtre. Au fil de la journée, la découverte se transforme en initiation. L’eau d’abord, élément fondateur transmis au Varan sous les regards émerveillés d’un public conquis, place du Danemark. La Gardienne, elle, poursuit dans l’ombre. Elle impose sa présence et tente de séparer ceux qui n’auraient jamais dû se croiser. À la tombée de la nuit, sur le quai Fournier, dans un décor portuaire, les flammes s’élèvent. La chaleur se ressent sur les visages, les fumées dessinent des formes irréelles dans les reflets des canaux. Devant des milliers de spectateurs, le Dragon et le Varan résistent ensemble. Une alliance est scellée face aux forces maléfiques.

Le Varan découvre l’animation du marché, s’approche des étals et interagit avec les habitants venus lui offrir quelques feuilles de salade ©Nohcab
La gardienne des ténèbres se rapproche du grand théâtre de Calais ©Timothé Lovergne
Le Dragon initie le varan à l'eau ©Nohcab
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ACTE III : L’Entente

Le troisième jour débute dans une atmosphère fébrile. Dès le matin, les rues commerçantes de Calais-Nord s’animent et la foule s’élance vers le Courgain Maritime, quartier emblématique tourné vers la mer, où les ferrys au départ de Douvres dessinent l’horizon. On change constamment d’endroit pour gagner le meilleur point de vue : quais Paul-Devot, bassin du Paradis, ponts et passerelles. La ville entière suit une même trajectoire, et chaque visage semble raconter la même attente. Lorsque la nuit tombe sur le Bassin Ouest, le combat final éclate. Le feu et l’eau s’entrecroisent, les silhouettes des trois machines se découpent dans la lumière des projecteurs et les attaques se succèdent dans un dernier souffle de tension et d’étincelles. Finalement, le Dragon et le Varan triomphent. La Gardienne disparaît dans les profondeurs et la foule laisse éclater une clameur qui se propage jusqu’au front de mer.

En trois jours seulement, Calais est devenue le décor vivant d’une odyssée commune. Plus de 500 000 spectateurs ont partagé un même récit, là où d’habitude les trajets ne font que se croiser. Les quartiers se sont réunis, les générations se sont mélangées, les touristes ont découvert une ville vibrante, unie autour de l’univers du théâtre urbain et des machines de Francois Delarozière. Le Varan restera désormais aux côtés du Dragon, prêt à continuer d’explorer Calais, son patrimoine, ses habitants, son horizon maritime.

Le varan et le dragon ont vaincu les forces du mal ©Nohcab
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Visionnez nos rétrospectives de chaque journée de l’odyssée du Varan de voyage :