©Laurence Laborie Yiqing Yin à Calais : « D’air et de songes »
Du 14 juin 2025 au 4 janvier 2026, la Cité de la dentelle et de la mode invite à un voyage sensoriel dans l’univers flottant de la haute couture signée Yiqing Yin. Sculptures de tissu, parfums inédits et paysages oniriques s’entrelacent pour une expérience rare, entre art contemporain et savoir-faire textile d’exception.
Une créatrice aux multiples visages, entre Paris, Pékin et Calais
Née à Pékin en 1985, Yiqing Yin quitte la Chine enfant pour rejoindre la France, puis l’Australie, avant de revenir étudier à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris. Dès ses débuts, sa vision singulière de la couture est saluée : elle reçoit le Grand Prix de la Création de Paris en 2009, puis le prix de la Première Collection de l’ANDAM. En 2011, elle entre dans le cercle très restreint des créateurs invités à la semaine de la haute couture parisienne.
Elle devient en 2015 la première créatrice chinoise à recevoir l’appellation “Haute couture”, symbole d’un savoir-faire d’exception reconnu par la Chambre syndicale.
Parmi ses collaborations marquantes, on compte les maisons Léonard, Poiret ou encore le joaillier Cartier. Elle conçoit également des pièces originales pour la Biennale de Venise, l’Exposition universelle de Dubaï, ou encore pour le Festival de Cannes 2013, où elle habille Audrey Tautou, maîtresse de cérémonie. Elle a aussi travaillé avec Marion Cotillard pour le film Annette de Leos Carax, et signé les costumes du ballet Tristan et Yseult à l’Opéra de Florence.
©Warren Du Preez and Nick Thornton Jones, 2024. La mode comme poétique du vivant
Le titre de l’exposition fait référence à l’ouvrage L’air et les songes de Gaston Bachelard. Ce fil rouge traverse toute la scénographie : le souffle, l’invisible, la métamorphose, l’impermanence. Sur plus de 550 m², près de 70 créations haute couture composent une traversée sensorielle mêlant textile, son, parfum et lumière.
Yiqing Yin puise son inspiration dans le minéral, le végétal et l’animal, pour composer des formes mouvantes qui ne cherchent pas à habiller le corps, mais à révéler sa présence. Certaines robes semblent animées par une respiration propre, comme la robe Orchidée ou la robe Vertebrae. Les matières – soies, tulles, velours vénitiens, organza microencapsulé – sont travaillées à la main avec une minutie qui confère à chaque pièce la qualité d’une sculpture vivante.
©Laurence Laborie La Cité de la Dentelle et de la Mode
Un musée exceptionnel
La Cité de la Dentelle et de la Mode, installée dans une ancienne usine du quartier historique de Calais Sud, est un musée de référence sur l’univers de la dentelle. Ce savoir-faire, qui a profondément marqué l’identité de la ville, y est mis en lumière dans une scénographie mêlant patrimoine industriel et innovation. Des machines spectaculaires, encore en fonctionnement, y dévoilent les secrets de la fabrication de la dentelle mécanique, importée clandestinement d’Angleterre au XIXe siècle. Un lieu vivant, au croisement de l’histoire, de la mode et de l’innovation textile.
Toucher la Dentelle de Calais-Caudry
QUE VOIR DANS L’EXPO “D’AIR ET DE SONGES” ?
Le parcours d’exposition va au-delà du regard : il mobilise tous les sens. Des bruissements d’air, des poèmes, des photographies, et surtout des parfums exclusifs ponctuent la visite. Ces créations olfactives, issues d’une collaboration avec le maître parfumeur Dominique Ropion, prolongent les robes dans un sillage sensoriel. La robe Minima Naturalia, par exemple, libère un parfum au contact de la peau, conçu pour l’Exposition universelle de Dubaï.
Yiqing Yin privilégie une approche intuitive, en travaillant directement les matériaux. Elle sculpte le vide, plisse la lumière, capte le souffle, dans un rapport organique au textile. Le visiteur est invité à s’immerger dans ce processus créatif, à saisir l’instant où la matière devient émotion.
Le parcours met en lumière des pièces emblématiques telles que :
• Robe Orchidée (collection haute couture automne-hiver 2012)
• Robe Vertebrae (collection haute couture printemps-été 2013)
©Laurence Laborie 
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