
L'histoire de l'Hôtel de Ville de Calais
Au-delà des dates clés et de son architecture imposante, l’Hôtel de Ville de Calais est un écrin de petites histoires qui se nichent dans chaque détail. C’est un voyage à travers le temps et l’art, où la grande histoire de la ville se mêle aux hommes et aux symboles qui ont façonné ce monument emblématique de Calais.
Symbole de l’unité calaisienne
L’Hôtel de Ville de Calais est plus qu’un bâtiment administratif : c’est un symbole d’unité, de résilience et de patrimoine architectural. Son histoire commence fin XIXe siècle, au moment où deux villes voisines, Calais et Saint-Pierre, ne font plus qu’une. Son beffroi, culminant à 75 mètres, est aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, renforçant son statut d’icône incontournable du paysage urbain.
Une fusion célébrée par un monument central
La construction d’un nouvel Hôtel de Ville est prévue en 1885, suite à un décret autorisant la fusion entre Calais la portuaire, une cité médiévale fortifiée et militaire, et Saint-Pierre-lès-Calais la dentellière. Le 4 mars 1910, décision est prise d’implanter le bâtiment sur un terrain sablonneux appelé la plaine du Sahara. Ce lieu dédié aux foires et jeux d’enfants, séparait les deux villes. Ce choix incarne une volonté ferme : transformer une limite en lien d’union. Les premières esquisses sont de 1908. La construction débute en 1911 avec un budget initial de 800 000 francs. Le projet architectural s’inscrit dans le style néo-Renaissance, alors en vogue. Le concours d’architectes s’inspire notamment des hôtels de ville récents de Limoges (1883) et Neuilly-sur-Seine (1886), alliant élégance et modernité.
Un projet ambitieux à l’architecture néo-Renaissance
L’Hôtel de Ville est le fruit d’un concours architectural lancé à la fin du XIXe siècle et remporté par Louis Debrouwer. Ce dernier conçoit un édifice monumental associant les styles Flamand et Renaissance, un choix qui rend hommage à l’héritage franco-flamand de la région. La richesse des matériaux utilisés, confère à l’ensemble une élégance singulière. Mais l’Hôtel de Ville de Calais ne se limite pas à son apparence extérieure. Son intérieur est un véritable chef-d’œuvre décoratif, illustrant les savoir-faire d’exception de l’époque.
L’hôtel de vile : une œuvre d’art XXLL’Hôtel de Ville face aux guerres mondiales
Pendant la Première Guerre Mondiale, Calais est une base logistique pour les forces alliées. Le chantier de l’hôtel de ville est interrompu, le terre-plein devant le bâtiment en construction devient un camp de l’armée belge. En septembre 1917, un raid aérien allemand endommage le beffroi comme en témoigne cette photo des Archives Municipales. Les travaux reprennent après le conflit, pour une inauguration officielle en 1925. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’édifice joue un rôle important. Les caves de l’Hôtel de Ville servent d’abri à la population pendant les bombardements, avant que l’occupant allemand n’y installe des prisons. Le beffroi devient un poste d’observation militaire. En septembre 1944, au moment de la Libération de Calais, la façade ainsi que les vitraux de l’escalier d’honneur sont sévèrement endommagés et nécessitent une restauration.
Calais 1940 : Résister envers et contre toutUn édifice fait de riches histoires
Métiers et symboles d’une union
En flânant devant l’Hôtel de Ville de Calais, laissez-vous surprendre par les nombreux détails qui ornent sa façade. Sculptures et matériaux racontent l’histoire et les traditions des deux anciennes villes, Calais et Saint-Pierre. Chaque détail de l’édifice raconte une part d’histoire locale. Au premier étage, les colonnes encadrant les fenêtres sont ornées de marmousets sculptés, représentant les anciens métiers du Calais médiéval : écrivain, architecte, apothicaire, ménestrel. À l’extrémité nord de la façade, une statue de pêcheur illustre l’identité maritime de Calais, tandis qu’à l’opposé, une dentellière symbolise le quartier Saint-Pierre, berceau de l’industrie de la dentelle. Ces figures emblématiques incarnent l’union des deux anciennes villes de Calais et Saint-Pierre.
Découvrez l’histoire riche de CalaisMatériaux d’exception pour une architecture authentique
L’édifice se distingue également par la qualité de ses matériaux : la brique rouge provient de Courtrai (Belgique) et la pierre blanche taillée des carrières de Marquise, dans le Boulonnais. La toiture est élégamment couverte d’ardoises, conférant à l’ensemble un charme intemporel. Deux grandes cheminées dominent le bâtiment, portant les initiales entrelacées “C” et “SP”, en hommage à la fusion de Calais et Saint-Pierre. On observe aussi le travail d’art de nombreux artistes tels que :
-
Les ferronneries d’Adalbert Szabo, dont les motifs floraux et géométriques typiques de l’Art Déco ornent les escaliers et les portes.
-
Les vitraux de Gustave Pierre Dagrant, qui captent la lumière et rappellent l’importance du vitrail dans l’architecture monumentale.
-
Les sculptures de Jules Desbois, ancien collaborateur de Rodin, qui enrichissent la façade de figures symbolisant la dentelle et la pêche, les deux piliers économiques historiques de la ville.
Le Beffroi de Calais : joyau du patrimoine UNESCO
Dominant la ville de ses 75 mètres depuis plus d’un siècle, le beffroi de Calais est un emblème de l’identité locale et du patrimoine du Nord. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, il séduit par son architecture, ses sculptures et son histoire fascinante. En le visitant, on voyage à travers les siècles, du Moyen Âge aux légendes mythologiques, tout en profitant d’un panorama unique sur Calais.
Symbole du patrimoine historique du Nord
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO avec d’autres beffrois de Belgique et du Nord de la France, le beffroi de Calais domine fièrement la ville. Sur la place de l’hôtel de ville, il témoigne de l’essor du pouvoir communal au Moyen Âge.
À l’origine, le beffroi devait être un bâtiment indépendant. Il est relié à l’hôtel de ville par une arche, permettant l’aménagement du cabinet d’apparat au 1er étage. Sur ses quatre faces, le beffroi est orné de statues dorées représentant le Duc de Guise, François de Lorraine, reconnu pour avoir libéré Calais de l’occupation anglaise en 1558, après 211 années de domination.
Une richesse artistique
Le décor du beffroi est aussi marqué par un bestiaire sculpté impressionnant : lions et dragon (en forme de girouette) incarnent la protection de la ville. Le dragon fait référence aux mythes antiques où il veille sur des trésors.
Les quatre cadrans colorés de l’horloge, visibles sur chaque côté de la tour, rappellent que la maîtrise du temps était un instrument essentiel du pouvoir les siècles précédents. Monter au sommet du beffroi permet non seulement d’admirer ces cadrans de près, mais aussi de profiter d’une vue panoramique spectaculaire sur Calais et ses alentours. Le carillon original de 25 cloches, installé en 1924, et pesait plus de 9000 kg. En 1961, il fut remplacé par un carillon électronique.
Grimper au Beffroi de Calais